La Ciotat et sa baie.
La Ciotat, dernière baie diplômée des Plus Belles baies du Monde, où je suis allé à la rencontre des acteurs de cette belle baie, appelée, aussi le Golfe d’Amour.
La Ciotat c’était « les chantiers navals » et, jusqu’à leur fermeture en 1989, tout tournait autour. Jusqu’à 10 000 personnes s’y sont afférées en même temps pour produire de grands navires marchands, type méthanier, et puis, la concurrence asiatique liée à la difficulté d’adaptation du site et voilà que tout ce monde s’écroule. Il a fallu l’ingéniosité et la ténacité des responsables locaux pour donner une nouvelle perspective à la petite cité maritime. Le vieux port tout d’abord, entièrement réhabilité dans son « jus » provençal, qui abrite désormais une remarquable quantité de petits bateaux de pêche traditionnels que l’on appelle ici barque marseillaise ou barquette.
De toutes les couleurs, ces petites embarcations constituent les joyaux de la couronne du vieux port. Mais, et c’est là l’extraordinaire grand écart aux dimensions incommensurables, derrière ces embarcations chétives, voire même d’apparence fragiles se massent les plus beaux et grands yachts privés du monde. En effet, suite à l’idée géniale de Patrick Boré, le très regretté maire de La Ciotat, les chantiers à l’abandon ont été transformés, non sans difficultés, en lieu d’entretien et de réparation des yachts géants.
Évidemment les structures encore existantes comme les grues ou la plate-forme ont permis une adaptation du site. Ainsi, les plus beaux bateaux du monde, ou question de goût, disons les plus chers du monde, tel celui de Bill Gates actuellement, viennent se refaire une beauté à La Ciotat. Tout comme la baie elle-même, porte du Parc National des Calanques, qui s’est apprêtée et embellie et nettoyée ! Dès la sortie du port, d’immenses falaises de galets, probablement des reliques de moraines glacières montent droit vers le ciel et se recourbent au sommet telles de gigantesques vagues figées. La plus célèbre de ces formes recourbées évoque un bec d’aigle ! En longeant cette côte fantasmagorique, l’eau bleue fait un contraste saisissant. De petites criques apparaissent de ci de là, telle la célèbre calanque de Figuerolles. Combien j’ai envié ces nageurs paisibles dans ces eaux translucides ! Au retour un arrêt à l’île verte s’impose. Sans doute appelée ainsi car, contrairement aux îles environnantes vers Marseille, celle-ci est un vaste buisson de pins maritimes. Et qu’il est bon de déguster dans un cabanon de l’estacade une rascasse rouge appelée ici chapon, avec un verre de rosé provençal ! Le long de la côte ciotadenne, l’avenue longe port de plaisance et plages. Un aménagement digne des belles stations balnéaires de la côte et dont l’attrait sera encore renforcé par le réaménagement en cours de l’ancien casino, « les flots bleus », en centre de commerce et de restauration !
Bien sûr, sur cette avenue et face à la mer, on ne peut et ne doit pas ignorer le théâtre de l’Eden où les frères Lumière y firent la première projection publique de leur cinématographe, le 22 mars 1899. C’est ici même qu’est né le cinéma ! Mais ce n’est pas tout ! la pétanque aussi, qui selon la légende aurait été inventée par un pratiquant ne pouvant se déplacer. Enfin, au détour de ces petites ruelles au charme suranné mais très esprit « Sud » et doucement vivantes, se découvre le cinéma des frères Lumière, dans une superbe construction en fer, faisant face à une jolie placette où le Bar à Tine, nous invite à la pause pastis. Décidément, La Ciotat et son Golfe d’Amour, offre des trésors à découvrir au fur et à mesure mais surtout permet une imprégnation où l’on retrouve le goût du sel, de la vie et à présent aussi celui des belles choses !
Un plaisir à partager sans modération !
Bruno Bodard