REPORTAGE : ESPACE#1 : FEDOR, UN ROBOT HUMANOÏDE À BORD DE L’ISS

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L’ISS va accueillir un nouvel occupant un peu particulier. Le 22 août, l’agence spatiale russe va embarquer dans son vaisseau Soyouz un robot humanoïde qui rejoindra la station spatiale internationale, son seul passager sera un robot humanoïde baptisé FEDOR.

Habituellement, les vols Soyouz à destination de la Station spatiale européenne sont utilisés pour la rotation des équipages à bord du complexe orbital. La prochaine mission, prévue le 22 août, sera inédite. En effet, le véhicule Soyouz MS-14 est une version du Soyouz jamais utilisée pour des vols habités. Donc, pas de cosmonaute à bord mais FEDOR

Évidemment, vu le coût d’un tel vol, quelque cent millions de dollars, le Soyouz sera également chargé de fret.

L’objectif est d’utiliser FEDOR pour des opérations complexes et dangereuses en lieu et place des humains. Il doit notamment servir à construire une base sur la Lune ou sur d’autres planètes. « Lors des missions dans l’espace et sur des planètes, les astronautes utiliseront des robots », a assuré Sergei Khurs, chef du projet et directeur du Centre national de développement technologique.

Une fois dans l’ISS, FEDOR sera testé par le cosmonaute Alexandre Skvorstov, qui a rejoint l’ISS le 20 juillet 2019 à bord du Soyouz MS-13, selon une procédure identique, avec un casque de réalité virtuelle.

Cette fois, FEDOR ne réalisera pas de sortie dans l’espace. Mais il est conçu pour cela. En effet, ce robot a été développé depuis 2014 afin de remplacer des humains dans des environnements dangereux, dont l’espace. Il devrait revenir sur Terre, toujours à bord du Soyouz MS-14, dans le courant du mois de septembre 2019.

FEDOR

FEDOR a été dévoilé pour la première fois en 2016 et fait partie du plan stratégique de la Russie pour conquérir la Lune.

Si FEDOR devait initialement être envoyé sur des opérations de sauvetage, pour détecter les victimes ensevelies sous des décombres par exemple, il a été doté de capacités qui ont poussé ses développeurs Android Technics et le Advanced Research Fund à envisager des utilisations encore plus poussées. En effet, le robot, contrôlé par un homme grâce à un costume spécial, est capable de ramper, de se relever après une chute, de se déplacer malgré des obstacles, de soulever jusqu’à 20 kilos, d’éteindre un feu, d’utiliser des outils comme une perceuse ou encore de conduire une voiture.

S’il prend place seul à bord du Soyouz MS-14, qui doit rejoindre l’ISS, c’est parce que la Russie veut tester la dernière évolution de son lanceur, sans prendre le risque d’y embarquer des humains

FEDOR prendra donc tous les risques pour cette mission qui, si son lancement réussit, devrait durer six semaines. L’androïde n’aura pas à piloter le Soyouz puisque ce dernier peut parfaitement s’amarrer à l’ISS en mode entièrement automatique, au même titre que les cargos Progress, de conception très voisine. Toutefois, il pourrait être commandé à distance par des ingénieurs pendant le vol afin de lui faire réaliser quelques tâches. En effet, le robot dispose d’une caméra qui permet à un opérateur, doté d’un casque de réalité virtuelle, d’avoir sa vision, exactement comme s’il se trouvait dans le Soyouz. En mimant les mouvements des bras et des mains pour manipuler des instruments sur le tableau de bord, l’opérateur peut donc lui faire réaliser des manœuvres.

FEDOR, ROBONAUT et…

Ce n’est pas la première fois qu’un robot doté d’intelligence artificielle s’envolera pour l’ISS. En 2011, la NASA envoyait Robonaut 2 à bord de la station spatiale après un voyage dans la navette spatiale Discovery. Il s’agissait alors du premier robot humanoïde envoyé dans l’espace. Sa mission était d’assister les astronautes dans des tâches basiques de maintenance.

Mais il avait rencontré des problèmes le rendant inutilisable en 2014 et avait été rapatrié sur Terre pour expertise en mai 2018 par un cargo automatique Dragon.

Le nouveau Robonaut 2, qui a été présenté le 1er août 2019 au centre spatial Johnson, au Texas, devrait décoller à bord d’un prochain cargo automatique Dragon ou Cygnus.

Deux autres robots seront également créés. Le premier, Kosmorobot, sera préposé au module scientifico-énergétique dont la mise en service sur l’ISS est prévue pour 2022. Le second, Teledroïde, aura pour mission de réaliser des services locaux dans le segment russe de l’ISS.

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