Dans l’indifférence quasi générale, le Cacique RAONI, l’un des grands chefs du peuple Kayapos vient d’effectuer une tournée européenne pour alerter sur la déforestation de l’Amazonie et tenter de collecter un million d’euros pour la protection de la réserve de Xingu, foyer de plusieurs communautés autochtones du Brésil, face aux menaces que font peser sur elle les exploitations forestières et les industries agroalimentaires. Une déforestation qui, après une baisse de 10 ans, est repartie de plus belle depuis que Jair Bolsonaro, président du Brésil depuis janvier, veut en finir avec l’activisme écologique
Après sa rencontre avec le Président Macron, Raoni s’est rendu en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, à Monaco en Italie et au Vatican où il s’est entretenu avec le pape François.
Il a terminé son séjour le 30 mai, à la Gacilly en donnant une conférence à l’invitation de la Fondation Yves Rocher-Institut de France. Il était accompagné de trois chefs de la Grande Réserve du Xingu.
Déjà venu en 2011 dans le Morbihan
Ce n’est pas un hasard si ce chef indien fait escale en Bretagne dans le village de La Gacilly, village qui l’avait déjà accueilli en 2011. Cette rencontre témoigne d’un fort attachement de Jacques Rocher, président d’honneur de la Fondation Yves Rocher à la cause indienne. Un engagement qui date de plus de 25 ans : c’est à cette époque que la Fondation planta des arbres avec une communauté de riverains du Rio Tapajós. Elle poursuit aujourd’hui son combat et plantera 100 millions d’arbres d’ici à 2020.
Raoni Metuktire
« Le monde entier doit savoir ce qui se passe ici, il doit se rendre compte à quel point la destruction des forêts et des peuples indigènes signifie sa propre destruction. »
Charismatique, médiatique et atypique, le cacique Raoni est l’un des grands chefs du peuple Kayapos au cœur d’une réserve protégée sur le territoire du Brésil. Figure emblématique de la préservation de la forêt amazonienne et de la culture indigène, sa lutte pour la défense de l’Amazonie brésilienne est soutenue au plan international depuis trois décennies par des personnalités comme le chanteur Sting. Il n’en est pas à sa première tournée européenne ni à sa première visite en France.
Le disque de bois dans sa lèvre inférieure signifie que le porteur est un guerrier et qu’il est prêt à mourir pour ses terres
À travers son association Forêt Vierge, il mène une dernière campagne pour tenter de pérenniser ce trésor de biodiversité.
Fin avril, des milliers de personnes représentant plus de 300 tribus avaient campé pendant trois jours à Brasilia pour protester contre la politique de Bolsonaro qui menace leurs réserves.
Le peuple Kayapos
Les Kayapo comme toutes les communautés indigènes ont un rapport étroit avec la nature qui les entoure. Selon leur vision de l’univers, tous les êtres vivants, le cosmos, les plantes, l’eau, les animaux… sont intimement liés et forment un tout indissociable. Chaque être vivant n’existe qu’à travers le maintien de cette relation.
Au Brésil, dans les états du Mato grosso et du Para, au coeur de la forêt amazonienne, se situe le territoire des indiens Kayapos qui a sa frontière délimitée et officialisée en 1993 par un décret présidentiel suite à la tournée mondiale du chef Raoni accompagné par le chanteur Sting. Cette réserve d’une surface de 195.000 km2 est la plus grande réserve des forêts tropicales de la planète. Les Kayapos sont l’une des 17 nations qui résident dans la vallée du Rio Xingu. Au dernier recensement de 2003, la tribu ne comptait plus que 7096 Kayapos répartis dans de nombreux sous-groupes.
Les femmes et les enfants vivent séparés des hommes : elles ont leurs propres histoires, leurs pleurs, leurs chants qui différent de ceux des hommes. Le chef du village coordonne toutes les activités et transmet les connaissances aux jeunes. L’habitat est constitué de huttes rectangulaires en rondins de bois et feuilles de palmes, organisé en camp circulaire dont le centre du village, nommé le Ngab, est très important : les femmes s’y réunissent pour organiser les activités quotidiennes, les hommes y parlent de politique et font de l’artisanat. Les habitations renferment uniquement les hamacs et les réserves de nourriture.
Dans leur quotidien, ils vivent de la chasse au petit gibier, de pêche avec, de cultures sur brûlis en pratiquant une gestion des ressources naturelles sur le long terme, ce qui vise à maximiser la production d’espèces utiles sans détruire l’écosystème.
« Nous respirons tous le même air, nous buvons tous une seule eau, nous vivons tous sur une seule terre. Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas »
Quand comprendrons-nous que lorsque nous blessons la nature, nous nous blessons nous mêmes? Nous ne regardons pas le monde depuis l’extérieur. Nous ne sommes pas séparés de lui. »Raoni Metuktire.