REPORTAGE : LES MARAIS SALANTS DU MORBIHAN- 1

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Ce dossier sur les Marais Salants du Morbihan va s’étaler en 6 opus, reprenant les dits marais, de leur origine à nos jours. 

A découvrir chaque semaine dans notre rubrique « reportages ».

            1 – Présentation et histoire du sel en Morbihan

            2 – Le Marais de LASNE

            3 – Le Marais de LA TRINITE/MER

            4 – Le Marais de TRUSCAT

            5 – Les réserves ornithologiques: Larmor Baden, le Duer et Séné

            6 – Les marais Littoraux, Les marais endigués, l’économie et le Tourisme autour du Sel.

I – PRESENTATION

Les traces des plus anciennes des marais salants sur nos côtes, remontent à la Préhistoire.

Stockée en bassins compartimentés appelés « Œillets », l’eau salée s’évaporait afin que le chlorure de sodium (notre sel) soit séché au soleil.

Une exposition et un climat favorable, chaleur, ensoleillement, faiblesse des précipitations atmosphériques ont largement concourus à l’exploitation du sel de mer en Morbihan, qui fut destiné à la consommation et utilisé pour les salaisons.

Largement concurrencés par les salines méditerranéennes et l’exploitation du sel Gemme d’Europe intérieure, les marais salants du Morbihan ont cédé la place aux parcs à huitres à la fin du siècle dernier.

A ce jour, en 2018, sur une bonne dizaine d’exploitations salines, seulement 3 ont été remises en exploitation.

Les marais en exploitation actuellement :

Les marais de LASNE à SAINT ARMEL exploités par Nathalie KRONE, locataire, et appartenant au département.

Les marais de TRUSCAT à SARZEAU repris par Olivier CHENELLE, locataire, le propriétaire étant la commune de Sarzeau.

Les marais de KERVILEN à la TRINITE SUR MER, exploités par Damien PHELIP, responsable du site depuis 2010 et dont le propriétaire est le Conseil Départemental.

Les marais « Le Devenir » au XXème siècle :

Une Réserve Naturelle Régionale :la Réserve de FALGUEREC en SENE 

Des espaces sensibles, réserves ornithologiques avec des oiseaux hivernants et dotés d’une règlementation particulière :

. Le marais de PEN EN TOUL à LARMOR BADEN,

. Le marais du DUER en SARZEAU,

. Le marais de LASNE à SAINT ARMEL.

Les marais littoraux :

La Villeneuve à LE HEZO,

Ludré à SAINT ARMEL,

Brighit à NOYALO,

Truscat à SARZEAU

Brénéguy, récemment confiée à LOCMARIAQUER ONCFS, appartenant au Conservatoire du Littoral,

Les salines du Bréno à CARNAC.

Les marais endigués :

Il existe une multitude d’autres marais moins étendus et répandus dans l’ensemble du Golfe du Morbihan.

LE SEL, L’OR BLANC DU MORBIHAN

Le sel fait partie des produits qui ont fait la richesse de la Bretagne depuis des siècles.

Depuis la Préhistoire, le sel est utilisé par les hommes comme condiment ou médicament dans des solutions antiseptiques, comme stimulateur d’appétit ou en peausserie.

Jusqu’au XVIIIe siècle, il a constitué l’un des principaux moyens de conservation de la nourriture. Il a donc joué un rôle majeur dans l’histoire humaine.

Dès l’Antiquité, de véritables routes du sel se mettent en place afin de satisfaire une consommation régulièrement en hausse.. Il était, en effet, un élément très stratégique pour les Romains dont les armées consommaient de grandes quantités de salaisons, ce qui leur permettait de se déplacer facilement sur de longues distances.

Dans l’Armorique gauloise, on l’obtenait grâce à des fours. En chauffant, l’eau de mer s’y évaporait, laissant le sel cristalliser. Il était ensuite récolté dans des récipients en argile et conditionné en pain de sel. Des vestiges de « four à auget » ont été retrouvés notamment à Séné. Ils témoignent d’une activité florissante à la veille de la conquête romaine. Ce sel était ensuite utilisé par les populations locales ou commercialisé dans des flux commerciaux européens. Les salaisons gauloises étaient ainsi réputées dans le monde méditerranéen. Ces fours ont été abandonnés après la conquête romaine pour laisser la place à la technique de l’évaporation pratiquée en méditerranée.

La production de sel reprend en Bretagne au Moyen Âge. Une charte de 845, conservée dans le Cartulaire de Redon, nous apprend que le comte de Vannes aurait fait don à l’abbaye de Redon de terrains dans la presqu’île de Guérande, afin d’y construire des salines.

Jusqu’au XIIIe siècle, le sel est principalement exploité par des monastères, parfois par des domaines seigneuriaux. Au XIIIe siècle, la progression démographique et la croissance économique entraîne l’essor des salines. Des caravanes de sel traversent l’Europe grâce aux améliorations techniques des attelages. Le transport fluvial (Rhône ou Loire) du sel se déploie. Le Duché de Bretagne se développe, en grande part, sur l’activité salicole.

Rapidement, le sel devient une source importante de revenus pour le duché ; La Bretagne exporte cet « or blanc » dans une Europe en pleine croissance démographique.

Au XVIIIe siècle, la demande de sel est telle, notamment grâce à la pêche à la morue à Terre Neuve ou en Islande, que le bassin guérandais arrive à saturation. De nombreux paludiers guérandais se déplacent vers le pays vannetais. Ils défrichent d’importantes zones littorales Entre 1728 et 1745, 2.300 oeillets sont ainsi réalisés dans les marais de Séné, près de la rivière de Noyalo, à la demande des chanoines de la cathédrale de Vannes qui espèrent se renflouer après une banqueroute. 400 paludiers y travaillent. De nouvelles salines seront ensuite aménagées jusqu’à la région d’Auray. La production bretonne continue d’augmenter jusqu’au XIXe siècle, avant de décliner. L’invention de nouvelles forment de conservation porte un coup sévère à la production salicole.

LE 10 OCTOBRE : prochain article : le marais-salant de Lasne- St Armel et l’interview de Nathalie Krône « la paludière du Golfe ».

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