« Le 3 » c’est ainsi que les Vannetais appellent avec une pointe de fierté mêlée d’affection le 3ème RIMA (Régiment d’Infanterie Maritime).
En juin 2017, le Lieutenant-Colonel Ludovic DANIGO a pris le Commandement des « Marsouins » vannetais. Il succède au Colonel Jean-Marc GIRAUD.
Depuis ces dernières années, la France a connu des attentats particulièrement meurtriers, pour faire face à la menace terroriste, elle a mis en place l’opération « Sentinelle » 10 000 soldats (dont 3000 en réserve) sont déployés sur le territoire national pour défendre et protéger les Français.
Deux compagnies du 3ème RIMA étant engagées dans ce dispositif, nous vous proposons un portrait de ce régiment.
Nous avons rencontré le Lt-Colonel Ludovic DANIGO :
LE 3ème RIMA :
Basé à Vannes, le 3ème RIMA est une unité à vocation amphibie de la 9e brigade légère blindée de marine (9e BLBMA). Spécialiste de l’action amphibie, l’unité bretonne est capable de remplir les missions d’assistance aux populations, de prévention des crises, ou d’intervention partout dans le monde, mais également en France, dans le cadre des plans de sécurité.
Héritier des traditions de l’infanterie de marine, elle-même issue des compagnies de la mer créées par Richelieu en 1622, le 3e RIMA est entièrement professionnalisé depuis 1970. Il fut engagé sur tous les théâtres d’opération de ces trente dernières années (Tchad, Liban, Koweit, Balkans, Côte d’Ivoire, Afghanistan, Mali, République centrafricaine,…).
Il a démontré ses qualités de troupe d’assaut à Ati au Tchad en 1978, à As Salman durant la guerre du Golfe en 1991 et lors de la reprise du poste du pont de Vrbanja à Sarajevo en 1995.
Le régiment s’est également illustré lors de l’opération Licorne en République de Côte d’Ivoire en 2004 et 2006 ainsi qu’au Kosovo en 2008. En 2009, il a armé le GTIA (groupement tactique interarmes) Korrigan lors de l’opération PAMIR en Afghanistan. En 2012, ses compagnies se sont déployées au Tchad, au Gabon et en Guyane. Le 3e RIMa a pris part à l’opération SANGARIS en République centre-africaine ainsi qu’à l’opération SERVAL au Mali en 2014. Il a récemment pris part à l’opération BARKHANE au Mali en 2017.
Il sera également le premier régiment doté de 30 blindés « GRIFFON » en 2019.
À noter : le drapeau breton et la cornemuse accompagnent les Marsouins du 3e RIMA lorsqu’ils sont déployés.
Le 1ère Classe ROBIN nous explique les raisons de son engagement :
LE 3ème RIMA EN QUELQUES CHIFFRES :
1200 hommes et femmes (60 officiers, 300 sous-officiers, 900 militaires du rang et 60 civils,
5 compagnies de combat, une compagnie d’appui, une compagnie de commandement et de logistique ainsi que 2 compagnies de réserve constituées de 260 réservistes.).
4 compagnies de combat d’infanterie comprenant environ 150 personnes chacune, dotées du VAB (véhicule de l’avant blindé) et servant des matériels modernes et efficaces lui permettant d’assurer ses missions de jour comme de nuit par tous les temps.
1 compagnie d’éclairage et d’appui comprenant environ 130 personnes regroupant une composante renseignement équipée du VBL (véhicule blindé léger), une composante antichar moyenne portée avec le missile MILAN, une composante tireur d’élite avec le fusil longue portée PGM de calibre 12,7.
1 compagnie de soutien et logistique d’environ 300 personnes assurant la maintenance des matériels, le ravitaillement, le soutien santé, la gestion et l’administration des personnels et l’entretien de l’infrastructure.
1 compagnie de combat antichar longue portée comprenant environ 110 personnes, équipée de VAB MEPHISTO avec ses rampes des missiles HOT.
1 compagnie de réserve, la 5e compagnie (« les tortues »).
1 compagnie d’instruction pour la formation initiale des jeunes engagés (fusionnée dans la compagnie de commandement et logistique en 2011).
FORMATION :
Le régiment assure la formation initiale des militaires du rang. Il dispose des moyens d’entraînement à proximité de Vannes (Meucon et le Fort de Penthièvre). Il est équipé de simulateurs de tir aux armes légères et lance-missiles.
La formation militaire de base dure 6 mois. A l’issue de cette période, en fonction de ses desiderata et des places disponibles, le jeune sera affecté dans une unité élémentaire :
Compagnie de combat ou d’appui pour y servir des matériels modernes et performants dans un emploi opérationnel : Pilote de véhicule de l’avant blindé, tireur de précision ou grenadier voltigeur, servant d’armes antichar (lance-roquettes antichar, MILAN ou ERYX), servant de mortier ou de canon de 20 mm, transmetteur (opérateur radio).
Compagnie de soutien, en fonction de sa qualification technique et des résultats des tests de sélection, pour être orienté vers une spécialité : Secrétaire, électricien auto, mécanicien, cuisinier, auxiliaire sanitaire, maître-chien.
Outre-mer : Comme tous les personnels des troupes de marine, dont la vocation est le service outre-mer, les engagés volontaires de l’armée de terre (EVAT) peuvent être affectés outre-mer pour 1 ou 2 ans, après 2 ou 3 ans de service.
Debout les Morts ! La devise du Régiment
Cette phrase, devenue la devise du régiment, est prêtée à l’adjudant Jacques PÉRICAD (3e RIC) qui l’aurait prononcée le 8 Avril 1915, pour stimuler ses troupes.
L’INSIGNE :
L’insigne du 3° RIMA a été imaginé par le COL Jean JOUBERT, chef de corps de cette unité de 1975 à 1977.
L’aigle argent est une référence directe au Second Empire. Elle est caractérisée par ses ailes déployées qui s’enroulent autour de l’ancre de marine. Le « 3 » de couleur bleu outremer, brodé d’argent, rappelle le numéro du régiment. Le nom de BAZEILLES se rapporte aux combats livrés par les troupes de marine à Bazeilles, du 31 août au 1° septembre 1870 lors de la guerre franco prussienne. Cette année-là, les Marsouins (soldats de l’infanterie de marine) et les Bigors (soldat de l’artillerie de marine) sont, pour la première fois de leur histoire, groupés au sein d’une même division qui sera surnommée la division Bleue.
UN PEU D’HISTOIRE :
Créé par ordonnance du roi Louis-Philippe le 14 mai 1831, le 3e RIMA est issu des compagnies de la mer fondées par le cardinal de Richelieu.
Au cours du XIXe siècle, il participe à toutes les expéditions lointaines et s’illustre particulièrement à Bazeilles en 1870.
Durant la première guerre mondiale, il perd 4 617 hommes au cours de combats héroïques. De nouveau engagé pendant le second conflit mondial, il se bat avec ardeur et compte 405 morts dans ses rangs. De 1953 à 1957, ses unités participent aux opérations d’Afrique du Nord. Le 1er mars 1963, le régiment est reconstitué à Vannes.
Le 27 mai 1995, en Bosnie-Herzégovine, le régiment reçoit l’ordre de reprendre Vrbanja. Le capitaine François Lecointre1, commandant la 1re compagnie du régiment, s’aperçoit que des Serbes, déguisés en soldats de l’ONU, se sont emparés durant la nuit du poste Sierra Victor sur le pont de Vrbanja, au centre de Sarajevo. Ce combat est considéré comme la dernière charge « baïonnette au canon » de l’armée française.
1 )Le général d’armée François Lecointre est chef d’état-major des Armées depuis juillet 2017.