Mai 68 a fermé la parenthèse de l’Après-Guerre.
La France connait une croissance largement positive, un chômage à moins de 2%…
En mars, un grand quotidien national titre même: « La France s’ennuie.
Et pourtant…
Dès le début du printemps, un vent de colère souffle sur l’hexagone. Il va se transformer en tornade.
Dans la nuit du 22 mars, 300 étudiants menés par un inconnu, Daniel Cohn-Bendit, occupent la faculté de sociologie de Nanterre. Sans appartenance politique ou syndicale, on ne connait pas trop leurs revendications où se mêlent pêle-mêle:
-un conflit générationnel,
-leur opposition à l’impérialisme américain et à la guerre du Vietnam,
-un rejet des autorités et de l’autorité en général, une autorité jugée désuète et bornée incarnée par la figure « tutélaire » du père ou du professeur.
-la volonté de changer la société (révolution culturelle et libertés sexuelles notamment),
-et, enfin, le souhait de réformer l’enseignement.
Dans la brèche ouverte par le mouvement estudiantin, les syndicats vont bien vite s’engouffrer. Grèves, blocages, émeutes vont devenir le quotidien de ce mois de mai 1968.
Au-delà des « événements » eux-mêmes, Mai 68 est souvent considéré comme un moment de bascule de la société française, avec des combats et des conquêtes en matière de mœurs, de droits des minorités ou de droits des femmes même si celles-ci apparaissent peu dans les prises de parole.
EN BRETAGNE:
Le 8 mai 1968: la Bretagne est massivement dans les rues derrière le slogan « L’Ouest veut vivre ». Loin de se contenter de suivre les événements parisiens, les Bretons ont leur propre dynamique au cours du printemps 1968.
En 1968, les étudiants sont encore peu nombreux en Bretagne (un peu plus de 30 000). Seules deux universités existent – Rennes et Nantes. L’UBS (Vannes et Lorient) ne verra le jour qu’en 1995.
DANS LE MORBIHAN:
Plusieurs conflits sociaux éclatent dès 1964 dans le Morbihan. Des entreprises connaissent des difficultés et sont menacées de fermeture.
Dans les campagnes, l’exode rural suscite de vives inquiétudes.
Vannes est une exception dans le paysage économique morbihannais et connaît même une certaine prospérité grâce notamment à l’implantation de l’usine Michelin en 1963.
Les Archives Départementales ont consacré un document à ce mois de mai 1968 que je vous propose de découvrir ci-dessous:
À VANNES :
Déjà en octobre 1967, 1500 personnes ont défilé à Vannes pour dénoncer les ordonnances et la réforme de la sécurité sociale.
Mercredi 8 mai :
Journée régionale: la première grande manifestation regroupe étudiants fonctionnaires, ouvriers, paysans et lycéens.
On compte 5.000 manifestants (le double à Lorient). Tous ne sont pas Vannetais, beaucoup sont venus en car. Les orateurs CGT, CFDT et FDSEA interviennent devant l’hôtel de ville, symbole de Raymond Marcellin, ministre de l’Aménagement du territoire. Parmi les manifestants, 300 ouvriers de Michelin qui, à 13 h, au moment du changement d’équipe, organisent un meeting sur les conditions de travail.
Mardi 21 mai :
la grève générale Le mouvement prend une nouvelle ampleur. Dans toutes les administrations, la grève est votée, temporaire ou illimitée : hôpital Chubert, Caisse d’allocations familiales, Equipement, Trésorerie générale, PTT, EDF, préfecture, gare, arsenal… Les dockers paralysent le port de commerce.
Mardi 28 mai :
Une manifestation monstre rassemble Place des Lices environ 6000 personnes.
Essence, tabac, viande, légumes, médicaments manquent.
31 mai :
Raymond Marcellin est nommé Ministre de l’Intérieur.
Fait marquant: aucun incident, ni violence n’a été signalé entre grévistes, manifestants et forces de l’ordre.
On était loin du Quartier latin à Vannes….
RAYMOND MARCELLIN:
Député du Morbihan de 1946 à 1974,
Maire de Vannes de 1965 à 1977,
Président du Conseil Général de 1964 à 1988.
Le 31 MAI 1968, Ministre de l’intérieur de 1968 à 1974, il est l’incarnation du retour à l’ordre musclé après les manifestations de mai 1968.