Le niveau de la mer est-il un indicateur du réchauffement climatique ?
Oui, le niveau de la mer est même l’un des meilleurs indicateurs du réchauffement, car il intègre les variations de presque toutes les composantes du système climatique. Les observations réalisées depuis plus de deux décennies par des satellites indiquent que le niveau de la mer monte actuellement de façon quasi linéaire, à une vitesse de 3 mm par an en moyenne. Elles permettent aussi de relever de fortes disparités régionales. Ainsi, dans le Pacifique tropical ouest, la mer monte 3 à 4 fois plus vite que la moyenne globale. Dans la région des Philippines, les satellites ont enregistré une hausse de 25 cm en 20 ans. Cette élévation résulte de la fonte des glaces continentales et du réchauffement de l’océan. Pour la dernière décennie, la fonte des glaciers de montagne, du Groenland et de l’Antarctique explique près de 60 % de la hausse observée. Le reste est principalement dû à la dilatation (expansion thermique) de l’eau qui se réchauffe
La hausse du niveau marin est un phénomène lent, mais inexorable. Quel que soit le scénario de réchauffement futur, la mer continuera à monter au cours des prochaines décennies et des prochains siècles. Même dans le cas du scénario 2°C, cette élévation sera de 40 cm en moyenne par rapport au début des années 2000. »
L’océan est le grand réservoir de chaleur du système climatique : il stocke plus de 90 % du surplus de chaleur accumulé depuis 40 ans par la Terre, résultat des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Mais cette chaleur n’étant pas répartie uniformément, la dilatation de l’océan est plus ou moins importante selon les régions.
Aujourd’hui, plus de 600 millions de personnes vivent dans les zones littorales, elles seront plus d’un milliard d’ici 2060. Nos recherches contribuent à identifier les régions côtières les plus affectées et peut-être, d’une certaine manière, à aider les populations à s’y adapter.
Pourquoi les côtes reculent-elles ?
L’érosion des côtes est un phénomène naturel et récurrent que l’on observe partout dans le monde. Mais il se conjugue désormais avec une pression démographique croissante sur le littoral, elle-même exacerbée par les effets du changement climatique. Depuis le début du 20ème siècle, une hausse de près de 20 cm du niveau moyen des océans a déjà été enregistrée. Pour les côtes les plus basses, cela correspond à des débordements de plusieurs mètres. En France métropolitaine, une surface équivalant à 3 100 terrains de rugby a été perdue en 50 ans. Aucun département littoral n’est épargné et 142 communes sont concernées par des vitesses d’érosion supérieures à 50 cm par an. (Source : Onerc).
L’acidification des Océans
L’acidification des eaux n’est pas un effet du réchauffement climatique mais l’autre effet de l’augmentation de la concentration de CO2 atmosphérique. L’augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère entraîne une plus forte absorption de CO2 par l’océan. Conséquence, l’eau de mer s’acidifie car, au contact de l’eau, le CO2 se transforme en acide carbonique.
Depuis le début de l’ère industrielle, le pH (potentiel hydrogène) des eaux superficielles des océans a diminué de 0,1 unité. Cette acidification représente un risque majeur, notamment pour les récifs coralliens et certains types de plancton, menaçant l’équilibre de nombreux écosystèmes. Plus inattendu, elle est même soupçonnée de modifier la propagation et l’absorption des sons : plus l’eau de mer est acide, plus elle est «bruyante», car les sons à basse et moyenne fréquences (provoqués notamment par la navigation) sont moins bien absorbés.