A la Renaissance, en Italie, les convives ont apprécié qu’une petite musique accompagne leurs fêtes. Et ils ont gardé leurs partitions musicales enregistrées sur un endroit inattendu – leurs couteaux. Cela signifie que, outre la découpe de la viande, cette coutellerie a contribué à assurer le divertissement du soir.
Au Moyen Âge et à la Renaissance, il n’était pas rare de voir les mondes de l’art et de la guerre se rapprocher et s’entremêler. Epées, boucliers, armures, etc., nombreuses sont les pièces de ces époques qui ont bénéficié de soins et d’ornements tout particuliers, faisant d’elles de véritables pièces d’orfèvreries. Il arrive aussi que certains de ces instruments se retrouvent avec des fonctions bien moins belliqueuses que leur conception originelle.
Deux musées anglais, le Fitzwilliam Museum de Cambridge et le Victoria & Albert Museum de Londres abritent une impressionnante collection de surprenants couteaux datés du XVIe siècle. Ces accessoires assez impressionnants n’étaient pourtant pas faits pour le champ de bataille mais pour servir à table. Ce qui rend ces couteaux si particuliers, ce sont les partitions de musiques gravées sur leurs lames. Ces instruments servaient à réunir toute une table autour de chants religieux.
Ces couteaux avec des partitions musicales sculptées sur les lames proviennent de l’Italie du 16ème siècle et s’appellent des couteaux de notation
Cependant nous ne pouvons pas être entièrement sûrs de la façon dont ils ont été utilisés, bien que la forme nous donne quelques idées. L’exemple de la collection a un bord net, ce qui impliquerait une utilisation dans la découpe de la viande, mais la largeur de la lame suggère plutôt un ustensile pour présenter des tranches de viande aux convives. En ce qui concerne la gravure, chaque côté de la lame a des notations musicales, tirant le meilleur parti de l’espace. Et chaque couteau représente une partie pour un chanteur. Ainsi, un ensemble complet de couteaux peut créer un chœur harmonieux. De manière appropriée, un côté contient une déclaration de grâce, et l’autre une bénédiction à chanter à la fin du repas. La grâce se lit: « La bénédiction de la table. Que les trois-en-un bénissent ce que nous allons manger. » Sur le côté opposé de la lame, la bénédiction déclare: « La parole de la grâce. Nous vous remercions Dieu pour votre générosité. »
Les spécialistes avaient déjà lu les partitions de ces couteaux mais n’avaient jamais pu les entendre. C’est désormais chose faite grâce à une chorale du Royal College of Music qui a interprété les musiques à partir des inscriptions gravées.