HISTOIRE & PATRIMOINE-3 : LES 350 ANS DE LORIENT

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1666-2016 : LES 350 ANS DE LORIENT

350 ans, ça se fête !

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Oh certes, en 2016 ce n’est pas les 350ème anniversaires qui manquent, à croire que 1666 fut une année de grands chantiers. 350 ans du Canal du Midi, 350 ans de Sète, 350 ans de St Gobain… Plus près de nous, les 350 ans de Rochefort et surtout les 350 ans de LORIENT.

Lorient, tel un navire qui a trouvé bon port, où s’amarre le début d’une vie et d’une ville en perpétuelle adaptation avec son temps. 350 ans de profondes mutations qui ont façonné son histoire.  Un destin qui tient pourtant à une simple décision : l’installation de la Compagnie des Indes Orientales à Port-Louis !

Tout commence en 1664, alors que la Compagnie hollandaise des Indes Orientales détient la quasi-totalité du commerce vers l’Océan Indien, Colbert propose la création de la Compagnie des Indes Orientales pour concurrencer sa rivale hollandaise. Une compagnie dotée du monopole des échanges commerciaux France-Asie.

C’est chose faire, le 1er septembre 1664 par la Lettre Patente signée par le Roi Louis XIV. La compagnie obtient également le droit de construire et d’armer des navires de commerce.

Installée d’abord au Havre, très vite l’espace pour se développer manque. De plus ce port est en outre exposé aux agressions anglaises et hollandaises. Il faut donc rechercher un autre lieu d’implantation. Plusieurs villes sont envisagées, mais le Lieutenant-Général du Roi en Bretagne convainc Colbert d’implanter la compagnie à Port-Louis.

Le 24 juin 1666, une ordonnance royale concède à la Cie des Indes Orientales de « faire son établissement au Port Louis, au Faouëdic et autres lieux des environs… d’y construire des ports, quays, chantiers navals, magasins et autres édifices nécessaires… »

31 AOUT 1666, Denis LANGLOIS, Directeur de la Cie des Indes Orientales, prend possession, en vertu d’un procès-verbal du Sénéchal d’Hennebont, des terrains de la presqu’île du Faouëdic (Féandik). L’indemnité due au 15 propriétaire est fixée à 1207 Livres Tournois. La superficie des terrains achetés est de 15 journaux et 12 cordes soit 7ha et 25 ares. C’est l’acte de naissance de Lorient, même si aucune ville ne porte encore ce nom. Le choix est stratégique, l’espace maritime de l’embouchure des rivières Blavet et Scorff réunit les conditions pour accueillir les plus grands navires de l’époque. A l’abri des vents d’ouest par l’île de Groix (alors grand port thonier), son chenal d’accès est en plus protégé par la citadelle de Port-Louis, sentinelle de la rade. L’odyssée de Lorient est en marche…

Autour des cales, les entrepôts, les bureaux et même le clocher et le moulin sont en bois. Une ville se déploie autour des cales pour loger ouvriers et artisans travaillant sur le chantier. Des constructions anarchiques, des cabanes également en bois.

Dès septembre 1666, on s’active pour construire et avitailler les premiers navires de la compagnie, « l’Aigle d’Or » et « La Force », deux frégates de 150 tonneaux sortent des cales en 1668 et partent pour Madagascar.

Puis, la construction d’un vaisseau de 1000 tonneaux et 6o canons est mise en chantier :  » Le soleil d’Orient ». Très vite, le chantier fut appelé familièrement le chantier de l’Orient. Une identité se construit autour de cet extraordinaire navire qui laissera son nom à la ville. Les actes d’Etat Civil sont enregistrés au lieu de L’Orient puis de Lorient. Epices, thé, étoffes, soieries et porcelaines transitent par Lorient et font la fortune de la Cie des Indes et des armateurs. En 1689, Mme de Sévigné séjourne dans le Morbihan. Elle écrit à sa fille :  » Nous allâmes dans un lieu qu’on appelle l’Orient, c’est là qu’on reçoit les marchands et les marchandises qui viennent de l’orient… nous vîmes toutes sortes de marchandises, des porcelaines et des étoffes, cela plait assez… »

Dès 1690, la marine royale installe à Lorient une administration militaire. Deux guerres, celle de la Ligue d’Augsbourg et celle de succession d’Espagne provoquent la faillite de la Cie des Indes Orientales et plonge la ville dans le marasme.

Mais en 1719, le banquier Law fonde une nouvelle Compagnies des Indes ayant le monopole des échanges entre la métropole et les comptoirs d’Afrique, les colonies de Louisiane et des Antilles. Cette nouvelle compagnie décide d’établie un vaste bazar à Lorient et d’y construire une ville qui serait le siège de ses activités commerciales. Des rues, tirées au cordeau se dessinent. Des maisons de marchands et de notables s’alignent. Le style classique et la pierre de taille s’impose dans « l’Enclos ». Le port se creuse, des quais sont aménagés. La rade et les passes sont balisées.

Lorient accueille la plus grande Foire commerciale d’Europe et devient le lieu de vente exclusif des produits coloniaux et pour faciliter ce commerce intensif, elle obtient même le droit de frapper monnaie.

En 1744, des remparts sont construits pour protéger la ville. Une ville qui passe de 6 000 habitants à plus de 12 000 en 1738, date à laquelle un édit royal l’érige en communauté de ville avec le droit de députer aux États de Bretagne. L’Édit est enregistré le 11 août 1738 au Parlement de Bretagne.

La banqueroute de Law et la faillite de la Cie des Indes n’altèrent pas sa prospérité. La Guerre d’Indépendance américaine amène un surcroit d’activité à Lorient. C’est également durant cette période que la ville prend part au commerce triangulaire. 156 navires y participent en déportant 43000 esclaves noirs. Plusieurs corsaires utilisent également la cité comme port d’attache.  Et dès 1785, plusieurs lignes transatlantiques sont ouvertes vers les Etats-Unis. A la Révolution, Lorient compte 20 000 habitants.  En 1795, un bagne y est installé…

Au XIXe siècle, Lorient va évoluer vers les activités de la pêche sans toutefois abandonner sa vocation militaire.

Elle connaîtra, au XXe siècle une période tragique avec sa destruction quasi-totale lors de la Deuxième Guerre Mondiale. Il faut tout reconstruire. Fidèle à ses valeurs maritimes et à son ouverture sur le monde, Lorient va se façonner, s’adapter pour devenir cette métropole que nous connaissons aujourd’hui. La mondialisation offre de nouvelles perspectives. L’eau a beau avoir coulé depuis 350 ans, Lorient demeure imprégnée de ses origines.      

Rendez-vous en 2066 pour ses 400 ans…

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